Marque et sens de la vie

L’année 2012 a été une année très difficile sur bien des plans. Une économie qui faiblit, un moral en berne, le sentiment de régression voire de décadence d’une société qui se cherche. Les individus aussi se cherchent.
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L’année 2012 a été une année très difficile sur bien des plans. Une économie qui faiblit, un moral en berne, le sentiment de régression voire de décadence d’une société qui se cherche. Les individus aussi se cherchent.

 

Je crois que l’explosion de l’incivilité comme le disent diplomatiquement de nombreuses entreprises confrontées au problème – SNCF, RATP notamment – c’est l’expression de personnes qui ne savent plus vivre avec les autres et qui ignorent pour beaucoup le sens qu’elles peuvent donner à leur vie.

Beaucoup de gens se cherchent et beaucoup le font avec le sentiment que c’est peine perdue.

J’ai la chance d’être né avec une identité forte.

Je crois que l’explosion de l’incivilité comme le disent diplomatiquement de nombreuses entreprises confrontées au problème – SNCF, RATP notamment – c’est l’expression de personnes qui ne savent plus vivre avec les autres et qui ignorent pour beaucoup le sens qu’elles peuvent donner à leur vie. Beaucoup de gens se cherchent et beaucoup le font avec le sentiment que c’est peine perdue.

Une histoire personnelle, le parcours de ma famille, l’appartenance à une histoire qui me dépasse…Tout cela contribue à donner du sens au temps qui passe et pour ce qui me concerne, c’est autant de leçons qui se sont imposées à moi.

 

J’ai la chance d’être né avec une identité forte.

Une histoire personnelle, le parcours de ma famille, l’appartenance à une histoire qui me dépasse…Tout cela contribue à donner du sens au temps qui passe et pour ce qui me concerne, c’est autant de leçons qui se sont imposées à moi.

Bien sûr, cela ne me dédouane pas d’une réflexion sur le sens de la vie – et de la mienne singulièrement – mais cela m’aide à comprendre ceux qui se cherchent.

Le sens de ma vie ne peut être détaché de celle des autres. Ceux qui se cherchent et qui n’y arrivent pas parlent parfois du sentiment qu’ils ont de n’appartenir à rien et finalement ils ne s’appartiennent même plus, parce que leur vie n’a pas de place dans celle des autres et les autres donnent le sentiment d’exclure et non de fédérer.

J’ai la conviction profonde que l’entreprise a quelque chose à voir et à faire avec le problème comme avec la solution. Dans la mécanique économique qui nous a mené là où nous sommes, la production comme la consommation sont entrées dans une logique effrénée qui avait un sens à l’origine mais qui s’est emballée.

Celui qui produit s’est éloigné de celui pour qui il produit, il l’a perdu de vue et cette distance a fait perdre bien du sens à son action.

Celui qui consomme, celui qui achète, est entré dans une double spirale. La frénésie de certaines consommations montre que le réflexe s’est parfois substitué à la pensée qui veut que l’acte d’achat ait du sens parce qu’il répond à un besoin. En s’éloignant du pourquoi, on ne garde que le comment et c’est lui qui motive l’acte d’achat sans lequel il n’y a pas de vie économique.

L’autre spirale, c’est qu’on a perdu le sens du prix.

L’acte d’achat a du sens non seulement parce qu’il répond à un besoin mais aussi parce que la satisfaction de ce besoin se fait dans des conditions de prix acceptables et raisonnables. Or, la complexité des circuits de production comme de distribution a totalement bouleversé la compréhension des prix. Le fait que l’on jette des tonnes de litres de lait est aussi dévastateur pour le sens de nos vies que le pantalon qui se vend mille euros alors qu’il coûte vingt euros à fabriquer. Tout cela n’engendre pas seulement cette fameuse défiance à la marque, mais fait des consommateurs des acteurs de la vie économique qui doutent de leur propre valeur dans la chaîne économique. Finalement, pour beaucoup, tout cela n’a pas de sens.

Quand on travaille 8 heures par jour ou plus, ne pas voir le sens de son travail, c’est faire planer un doute sur le sens de sa vie.

Bien sûr, je ne suis pas naïf, on travaille pour gagner sa vie – mais combien pensent aujourd’hui qu’à tant vouloir gagner sa vie on finit par la perdre ?

Cette mécanique économique mondialisée et « distancialisée », que l’entreprise a voulu et dont le consommateur a profité, est en train de menacer l’un comme l’autre. Il me semble que l’une des voies possibles tient à peu de chose.

Beaucoup d’entreprises se sont bâties sur une logique économique d’opportunités. Je créé cette entreprise parce que je peux trouver des clients qui auront besoin de tel service ou de tel produit. Cette vision microéconomique est tout à fait louable. Elle peut être suffisante pour le cluster économique de base, à savoir le producteur ou l’acheteur. Mais elle n’est plus suffisante pour le citoyen et le terrien du XXIème siècle. Mon sentiment est que l’entreprise doit faire une pause. Elle doit s’interroger clairement sur le sens de son action. Pourquoi je fais ce que je fais ? A quoi mes collaborateurs contribuent-ils qui transcende le simple fait de production économique et qui s’inscrive dans un dessein plus large. L’entreprise doit faire ce travail et le communiquer via un billet simple mais puissant : son identité.

Je suis lassé des « identités signalétiques ». Celles qui font du bon business à court terme mais ne construisent pas de la relation. Vous savez, ces grandes enseignes bien lumineuses qu’on voit de loin, qui cassent les prix ou au contraire les font exploser.

L’identité de marque dont nous avons besoin est celle qui donne du sens et rend fier les acteurs économiques qui y sont liés. C’est mon vœu pour l’année ou les années qui viennent. Je voudrais que les entreprises donnent à voir des identités et des marques qui trouvent leur place dans un plus grand dessein. Et je sais, à la place qui est la mienne, que je contribuerai à rendre ces identités plus fortes, mieux comprises, davantage porteuses d’un sens vrai qui contribue au sens de ce monde. La musique saura contribuer à cela, l’identité sonore conçue avec une vraie vision saura le faire.

Quand l’ouvrier comprendra davantage – tout comme le cadre – à quoi il contribue, autrement qu’à générer un produit indispensable, quand le consommateur percevra que c’est pour lui et pour un dessein plus grand que des hommes et des femmes passent des journées entières à produire, alors le citoyen aura une raison de croire au sens de sa vie. Si l’acte de mon travail donne du sens à la vie, si mon acte d’achat a du sens pour la vie, alors une part écrasante de ma vie retrouve un sens lisible et honorable. L’identité des entreprises peut faire ce travail là sans lequel l’économie finira par humilier et l’ouvrier, et le cadre et le consommateur.

 

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