De l’idée avant toute chose (deuxième partie)

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Lorsque je m’engage dans un projet, la première question qui va généralement m’obséder parfois bien au-delà du projet lui-même, est la suivante : comment me mettre au mieux dans les habits de la marque que je vais mettre en musique ?

Comment me plonger dans son ADN pour le servir au plus près ? Cette question se traduit assez rapidement en une autre question, très simple. Quel est le bon son ?

Depuis le temps que je travaille sur ces questions, je me suis fait une opinion très claire. La réponse à chacune de ces questions doit être simple. Dans la cacophonie ambiante, dans le concert des pollutions sonores auquel nous sommes tous confrontés, la simplicité paye parce qu’elle prend peu de place et permet de se faire entendre. Peu de place, c’est tout ce dont la marque dispose en général. La simplicité, ce n’est pas l’évidence ni la facilité. Ce n’est pas non plus l’angélisme, le simplisme ou le renoncement. La simplicité efficace demande nait d’accouchements parfois douloureux mais de gestations toujours très nourries.

Prenons un simple exemple. Une grande part de mes réflexions en création porte sur le timbre du son principal qui porte l’identité sonore. La formidable chance qui la mienne est de pouvoir partager mes réflexions avec une équipe de quinze personnes, dont l’expertise n’est plus à démontrer et qui a une exigence que l’on ne satisfait pas aisément. Quand j’initie une réflexion sur un projet, la recherche du bon son devient un jeu et un défi que je pilote mais auquel chacun cherche à contribuer. L’objectif reste à l’esprit de tous, une réponse simple mais distinctive, efficace et attrayante.

L’une des façons que j’ai trouvé d’avancer sur ces sujets là, c’est aussi de dessiner un instrument à l’image de la marque. Si je le fais souvent sous la forme d’une construction purement intellectuelle, une sorte de portrait chinois sonore, j’ai de plus en plus tendance à passer à l’acte. Précisément, j’embarque dans mes petits délires Arnaud Querey, le luthier qui prend soins de nos guitares, de nos violons et violoncelles et de bien des instruments de Sixième Son depuis bientôt 12 ans, et c’est ensemble que nous créons parfois ce que j’ai pris l’habitude d’appeler « des instruments à la marque ». Pour Royal Air Maroc, pour la SNCF, pour Michelin, nous avons créé des instruments, en dessinant la forme, en choisissant les bois, en travaillant jusqu’aux plus petits détails afin que la forme, le fond et le son se rejoignent.

Depuis que nous nous livrons à ce genre d’exercice, je réalise que l’inspiration joue à double sens. Précisément, si l’esprit guide le dessin, la réalisation du dessin est incroyablement inspirante pour la création.

J’en tire un plaisir immense et une nouvelle forme de discipline. Lors de mes voyages ou déplacements, je ne suis pas simplement à l’écoute des musiques ou des ambiances, je cherche le son, l’instrument, qui pourra me toucher et me donner envie de l’embarquer, de le triturer, de le customiser pour qu’il vibre avec bonheur au profit d’une nouvelle création, d’une marque qui l’attend. Un jour peut-être ouvrirons-nous ce cabinet des curiosités instrumentales de l’agence, où se cachant désormais bien des secrets de nos créations.

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